Superstitions, bouchons et bactéries
Toutes mes excuses pour ne pas avoir donné de nouvelles plus tôt !
Il y avait une 50aine de prétendants au sommet du Nanga Parbat cette année ce qui est beaucoup pour cette montagne car les camps 1 et 2 ne peuvent accueillir que quelques tentes et un tournus est nécessaire. Après cette fameuse intempérie qui nous a clouée au camp de base, nous avons fait le choix d’une rotation sur l’arête en face du Nanga par sécurité et pour laisser la fixing team travailler. Tous les grimpeurs qui partaient ensuite sur le Baltoro leur ont immédiatement emboité le pas. Une belle fenêtre météo leur a permis de faire le sommet assez rapidement.
Puis une période de flottement s’est installée avec quelques superstitions mentionnant la montagne comme trop dangereuse et une certaine hésitation au sein des troupes….
Le temps de remotiver tout le monde et de préparer notre « summit push », la montagne s’est énormément asséchée et est devenue encore plus dangereuse… Finalement cette deuxième fenêtre arrive et le matin avant de partir pour le camp 1, une petite diarrhée est bien là… pas grave je me dis… La montée au camp 2, avec 1050m de face glacée se terminant par les 150m d’escalade du mur Kinshofer est une horreur. C’est une roulette russe entre les chutes de glace et pierres, aucun endroit possible pour se reposer, les chevilles et les mollets explosent ! Avec Sangay et les amis, on en vient à bout en 12 heures. A la diarrhée s’ajoute le vomissement,… ça va aller…. On enchaine sur le camp 3 à 6800m c’est raide, c’est glacé, c’est soutenu,… ça va aller.
Mais en fait, non ! ça ne va pas aller du tout ! Je décide de faire 24 heures de pause avant de tenter le sommet. Entre temps les amis et les sherpas sont partis pour le sommet, à 4h du matin, la radio crépite, demi-tour à 7500m, les conditions sont trop dangereuses, pas de sommet, on redescend. On entame la descente les premiers, Sangay est obligé de refixer plusieurs encrages qui ont sauté avec la chaleur durant les journées. Tellement dangereux !!… Plusieurs heures à batailler à la descente, nous sommes tous éreintés mais saint et sauf au camp de base. Ouf !
Grosse grosse déception,… descente hier vers Chilas, encore 2600m de dénivelé et route vers Gilgit ce matin …. Maigre consolation, le bidon va mieux.
Salamalekum, à suivre…
Sophie
Gilgit 12.07.2022
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